Le FSL 21 en 2005

séparateur

FSL du samedi 02 avril 2005

bal trad'

Une autre Europe est possible !

Programme

Jeudi 31 mars 2005

Soirée - débat contradictoire sur l'Europe, le TCE, le référendum
avec Alain Lecourieux, membre du conseil scientifique d'Attac,
et Philippe Frémeaux, d'Alternatives économiques

Samedi 02 avril 2005

Ateliers thématiques
Séance plénière avec Philippe Corcuff, sociologue
Stands des organisations - Restauration - Garderie

Concerts :
Aissi, musique kabyle
Djivilli, jazz manouche
Bal "trad'" (Musiciens de folk)

Retour à la page d'accueil

séparateur

 

Atelier Souveraineté alimentaire

Intervenants : Jean Marc Zambotto (Bofa), Marie-Jeanne Chappuis (ADM), Jean Luc Baudry (Confédération paysanne) et Aurélie Trouvé (Attac Campus).
Table Ronde animée par Jacques Pulh (CCFD).

Introduction de Jacques Pulh : Nous sommes en plein paradoxe : au moment où une loi sur l'obésité vient en débat en France, 840 millions d'habitants de la planète sont mal nourris. Rappel du rôle du débat dans un forum alternatif : être force de proposition à partir des pistes ouvertes par les intervenants.

La souveraineté alimentaire doit permettre à chaque nation, chaque peuple, de déterminer lui-même ses choix en matière de cultures, de commercialisation des produits alimentaires, sans être soumis aux contraintes extérieures, notamment aux normes et aux principes du libre marché et de la libre concurrence, tels qu'édictés par les organisations internationales ou les firmes multinationales.

La sécurité alimentaire doit permettre à chaque personne d'avoir accès à une nourriture suffisante, saine, équilibrée et permanente.

 

La souveraineté alimentaire : un projet au Burkina Faso

Intervention de Jean-Marc Zambotto - Association BOFA

BOFA est une association créée par des militants CFDT et affiliée à la fédération « Peuples Solidaires ». Active déjà du temps du président Sankara, quand il avait voulu développer une économie rurale, l'association a soutenu les groupements de paysans locaux. Il s'agissait de permettre aux villageois d'accéder à l'autonomie en matière d'éducation, de santé, et de ressources par le développement de maraîchages.
BOFA soutient actuellement un programme de sécurité alimentaire (2004-2007) dans une région éligible au soutien financier de l'Union Européenne. L'objectif est la promotion des communautés rurales par la prévention de l'insécurité alimentaire (Le budget est de 500 000 €, dont 90% financés par l'Europe). Il concerne particulièrement la région de Tinakof. 100 000 € ont été investis dans la gestion durable des terres pastorales.
C'est une région marquée par les difficultés (météo, criquets) qui provoque soit une émigration des populations, soit la dépendance par rapport à des aides alimentaires extérieures. Il s'agit de développer la participation des femmes à travers un entrepreneuriat féminin, en mettant en synergie leurs organisations. Un salarié est développeur local pour ces entreprises.
La gestion des ressources naturelles par le reboisement et le soutien aux activités agro-pastorales fait également partie du projet. Huit groupes de villageois ont été destinataires de micro-crédits pour des achats d'ovins et des formations au maraîchage. Un travail d'alphabétisation fonctionnelle profite à 449 hommes mais à beaucoup moins de femmes.

 

Le commerce équitable

Intervention de Marie-Jeanne Chappuis - ADM

L'objectif est que les paysans puissent vivre de leurs productions. Dans le commerce international, les productions de rentes sont soumises au diktat des importateurs. Par ailleurs, les petits producteurs du Sud ne peuvent s'auto suffire. En Inde, la Banque Mondiale a financé la production de crevettes dans les deltas du Gange et du Bhramapoutre, au détriment d'une agriculture vivrière : c'est un exemple très parlant.
Artisans du Monde a 30 ans d'existence, 190 points de vente dont 130 magasins. En quoi permettons nous d'aller dans le sens de la souveraineté alimentaire ? ADM défend le droit des peuples à définir leur politique de production, de distribution et de consommation. Cela passe par le maintien des cultures vivrières, sinon les paysans viennent grossir la population des bidonvilles. Ainsi ADM travaille avec des petits producteurs (entre 1 et 5 hectares) et refuse l'industrialisation de la production.
L'exemple de la quinoa, objet d'une forte demande est inquiétant, car l'augmentation des productions risque de déboucher sur des pollutions et sur une maltraitance des terrains. Il faut donc oeuvrer dans le sens du développement de leurs propres cultures vivrières. Si on les paye plus, cela crée des espaces de liberté et permet d'adopter des modes de cultures plus respectueux de l'environnement.
L'exemple de la confiture au Laos est intéressant : elle est fabriquée là-bas, ce qui crée une valeur ajoutée quand les producteurs envoient des produits finis. ADM privilégie les modes d'organisation collective, par le paiement du juste prix (négocié avec eux) ce qui leur permet d'acheter ce dont ils ont besoin. C'est à ce prix qu'ils peuvent vivre et faire des projets dans la durée.
Des mouvements commerciaux Sud/Nord se développent, avec 2500 magasins au Nord (c'est dire si nous sommes en retard en France) avec une pénétration dans la grande distribution. Il pourrait y avoir des risques s'il y avait une trop forte demande ...
Des filières Sud/Sud (commercio justo au Mexique) sont intéressantes pour les consommateurs là-bas, puisqu'il n'y a plus de chaîne de transfert.

Le commerce équitable n'est ni le sauveur du monde, ni même le remède aux dysfonctionnements du commerce international. Mais il est une façon de restaurer un peu de démocratie dans les échanges internationaux.

 

G8 - Gfaim

Les mécanismes internationaux

Interventions de Jean-Luc Baudry - Confédération Paysanne et d'Aurélie Trouvé - ATTAC Campus

La souveraineté agricole et alimentaire, c'est le droit pour chaque groupe de pays de défendre sa politique pour nourrir sa population sans gêner les autres par le dumping. Suite aux méfaits du libéralisme, les mouvements paysans internationaux se sont rapprochés en créant un syndicat international - réseau mondial - "Via Campésina", notamment au sommet de la FAO en 96 à Rome !

A l'origine en 1957, la PAC avait pour fonction d'assurer l'autosuffisance alimentaire en Europe. Cela passait par des protections douanières, un soutien aux prix intérieurs à un niveau plus élevé que sur le marché mondial et des subventions à l'exportation. Evidemment, c'était une logique de dumping.
Dans les années 70 on assiste à une surproduction qui fait diminuer de façon drastique le nombre des agriculteurs, pour en arriver aujourd'hui à 3% des actifs. On notait en même temps des problèmes environnementaux et une interrogation sur les excédents. D'où la vocation exportatrice de l'Europe. Depuis, on n'est pas revenu sur le productivisme et on a continué à exporter. Le rôle de l'OMC actuellement, c'est d'organiser la concurrence sur le marché mondial, de faciliter le commerce en diminuant les barrières douanières. A noter qu'elle maintient pour nous des quotas d'importation, au moins 5% de lait et de céréales, pour nous faire participer aux échanges mondiaux.
Aujourd'hui on en finit avec les aides directes liées à la surface, puisque l'OMC considère que ça encourage la production. Les aides sont découplées, sous la forme de droits à primes commercialisables (qui peuvent donc être vendus.)
Dire qu'il n'y aura pas de distorsion dans la concurrence c'est une supercherie, car il y a chez nous un maintien de prix bas sur le marché, ce qui nous avantage quand on entre sur le marché mondial. Finalement les aides participent à une politique de dumping.
Jean Luc Baudry : "J'ai une exploitation de 100 ha dans le Nord du département. Le quintal me revient à 90 francs (si) avec ma rémunération, et je le vends à 60. Je tiens grâce aux aides, mais de fait c'est un prix dumping. Et ce serait pareil pour la viande bovine.
Par rapport au prix mondial de référence, il y a 10% de la production qui est compétitive. On ne peut même pas dire que ça va servir au consommateur, car le prix n'a même pas diminué pour lui. Le différentiel est dans la poche de l'agro alimentaire".
La problématique des pays du Sud n'est pas la même chez tous. Il y a aussi des gros propriétaires qui fixent les normes mondiales et des petits paysans. La libéralisation profite aux gros agriculteurs exportateurs pendant que la production agricole de l'Afrique a diminué ! Il faut bien dire que la PAC n'a pas supprimé les subventions à l'exportation, y compris aux USA. Ceux-ci sont attaqués par le Burkina et le Mali en ce qui concerne les exportations de coton à des prix dumping.
Finalement les aides découplées ne règlent rien, et les agriculteurs du Sud ne peuvent se protéger. On envoie en Afrique des quartiers avant de viandes bovines qu'on ne sait pas consommer et qui désorganisent les circuits traditionnels commerciaux du Sahel vers la côte Ouest.
C'est le même problème dénoncé dans la campagne Agir ici - CCFD - CFSI et GRET à propos du poulet. Conséquences : le productivisme n'est pas remis en cause, et l'industrialisation et la concentration se poursuivent. Il y a un révélateur inquiétant, ce sont les crises sanitaires et on peut penser que l'agriculture "raisonnée" c'est seulement une couche de peinture verte pour rassurer le consommateur. Un autre indicateur : on fait de la surproduction sur beaucoup de choses, et on est dépendants à 75% de l'extérieur pour les protéines végétales. Il faudrait renoncer aux exportations et développer des cultures déficitaires en utilisant les hectares libérés. Produire plutôt des protéines végétales que du poulet et du porc qu'on a déjà en trop. On est des ateliers de transformation liés à l'élevage au sol ... Et pour la production laitière, au lieu d'importer du soja on pourrait faire manger de l'herbe aux bêtes.

Ce sont des thèmes que travaille la Confédération paysanne et qu'elle cherche à faire avancer au Parlement européen. L'objectif ce serait que la constitution reconnaisse le principe de souveraineté alimentaire mais il n'y est pas inscrit. Il n'y a que les éléments du traité de Rome. Il faudrait que les citoyens se réapproprient la PAC qui représente la moitié du budget européen, et que soit reconnu à tous le droit de se protéger.

 

Quelques échos du débat :

Le mouvement de Pierre Rahbi, pour « une insurrection des consciences » intervient ici, au Mali et au Burkina, dans le sens de l'autosuffisance alimentaire, de la réhabilitation des terres, du compostage ... 8 personnes sur la Côte d'Or dans cet esprit ont créé une AMAP qui met en relation des producteurs et des consommateurs s'engageant à acheter un panier de légumes à une certaine régularité.

L'agro-écologie s'applique bien aux petites communautés, mais l'importation de farine de blé française a détruit le circuit traditionnel du mil. L'idéal du pays est devenu la baguette française.

Un participant souligne la cohérence possible entre tout ce qui a été dit et un choix de vie végétarien.

Un participant souligne que les politiques de faible prix ne profitent à personne, mais sont des politiques de soutien aux capitaux des multinationales. Par ailleurs, la PAC résulte bien de nos choix politiques. Les accords de Lomé qui permettaient d'importer du Sud à des prix garantis ont été supprimés. L'ex commissaire Lamy n'est pas obligé de s'aligner sur les USA. L'enjeu c'est de faire remonter les cours : les pratiques de dumping sont moins graves que l'urgence de retrouver un droit à la protection des marchés.

Proposition concrète :

Aurélie Trouvé - ATTAC Campus - signale qu'un groupe travaille actuellement à la création d'une AMAP qui permettrait à toute personne de s'engager concrètement dans une action, à sa portée, en cohérence avec l'idée d'une consommation plus juste et plus équitable garantissant aux agriculteurs un revenu également équitable.

 

séparateur

 

Retour au menu FSL 2005

Retour à la page d'accueil