Dans le développement (au sens complet du terme) il n'y a pas de « finitude » mais il faut arrêter et plutôt parler de «décroissance soutenable ». Quand on parle de décroissance c'est plutôt dans le sens de moins, de quantitatif mais c'est davantage en termes de qualitatif ; quelle utilité sociale ? quels choix collectifs pour un développement social ?
Parler de décroissance c'est également redonner à la sphère économique toute sa place (au service de l'Homme) et resituer autrement et à leur juste place l'économie marchande, l'échange, le don, etc.
Or les forces de la « résistance » sont très actives: le modèle dominant progresse; le gouvernement de droite abonde dans une logique qui vise à dévaloriser la solidarité (exemple de la réforme des retraites); par ailleurs il y a une carence en matière d'idéologie: il y a un maillon de la chaîne qui manque dans le socialisme, il manque un « substrat » à tous les niveaux local, régional, international ... Force est de constater que l'hégémonie est du côté du capital, de Bush.
Effectivement cette problématique de la décroissance s'inscrit dans un rapport de force social, économique et politique. Pour autant le courant alter mondialiste a créé une opinion : à Davos (par exemple) les chefs de gouvernements et les décideurs économiques ont modifié leur ordre du jour pour aborder les questions de lutte contre la pauvreté.
La décroissance ce n'est pas produire moins pour produire moins ; ce n'est pas une fin en soit ; c'est l'idée que les ressources naturelles et matérielles ne sont pas inépuisables et que le « marché » n'est pas non plus synonyme de croissance : les activités non marchandes y ont leur place.
La décroissance ce n'est pas revenir à des pratiques anciennes, d'un autre âge, mais revenir à des modes de vie plus simples estimant qu'ils suffisent pour vivre dignement.
Peut-on parler de décroissance, ici au Nord, en pays « riches », alors que les 4/5 de la population mondiale n'ont pas encore de quoi satisfaire leurs besoins primaires et essentiels ? Les populations des pays du Sud « rêvent » du niveau de vie européen. Qu'est ce que la décroissance pour eux ?
Certains pays - les nôtres - ont accédé au développement : et les autres ? doivent-ils rester là où ils en sont ? Certainement pas mais il leur appartient de déterminer leur propre développement ; imposer notre développement à d'autres pays serait une forme de colonialisme.
La crise argentine a révélé que les gens avaient, pour vivre ou survivre, instauré de nouveaux rapport entre eux, basés non pas sur l'échange monétaire mais sur la solidarité alors que le pays a subi trois crises de décroissance en 18 ans. Le défaut des sociétés modernes, dites développées, ne serait il pas de raisonner uniquement en terme d'argent ? Pour autant on ne peut passer sous silence les souffrances du peuple argentin et la paupérisation grandissante: la solidarité développée dans ces circonstances aurait pu l'être à moindre frais.
Par exemple refuser les sacs en plastiques, recycler les déchets peut amener à une marginalisation et par voie de conséquence entraîner un risque de chômage. Mais il s'agirait de déterminer quels sont les emplois utiles à tout individu (emplois de proximité), à la collectivité et procéder à une vaste opération de transfert des compétences et de reconversion des emplois qui désormais seraient inutiles.
C'est évidemment une question de choix politiques majeurs et de plan de reconversion comme par exemple les suppressions des usines d'armement qui devraient être envisagées avec un plan de reconversion des personnels.
C'est également aborder la question de la répartition du travail et de la maîtrise de la question de la productivité qui a tendance à valoriser les nouvelles technologies.
Pour certains, les expériences locales, micro-réalisations (AMAP, S.E.L., SCOP, micro-crédits etc) ont une vertu pédagogique certes, mais elles ne sont pas de nature à résoudre les problèmes de fond. Sont-elles de nature a réellement nous faire sortir du système capitaliste ?
Pour d'autres ces initiatives locales n'ont pas qu'une valeur d'expérimentation et leur nombre croissant peut faire changer les choses. Il faut toutefois noter que des AMAP ont été créées aux USA il y a quelques 50 ans et que ce n'est pas pour autant que le système capitaliste a été remis en cause ...
Pourtant ces initiatives sont porteuses de solidarité et cette dernière est une alternative à la décroissance ; c'est sortir d'une société de surconsommation qui nous mène dans le mur. Par exemple créer une AMAP est une forme de lutte contre la surconsommation proposée par les grandes surfaces et c'est quelque part une manière de se passer des multinationales.
Il ne faut pas se laisser pièger par l'idée que le changement va pouvoir se faire rapidement : il nous faut promouvoir un changement de conscience et de comportement et incarner personnellement le changement (exemple de Pierre Rabbi).
Il faut compter sur la capacités de créativités humaines et promouvoir des initiatives nouvelles ou développer celles qui existent déjà.